Contrôle des chômeurs : la circulaire de la discorde
Je m'interroge sur notre capacité à comprendre certains textes et sur l'habileté de certains à créer un certain sentiment de paranoïa autour de ces textes.
Je parle ce soir des mesures de renforcement de contrôle des chômeurs et des sanctions qui pourraient toucher certains s'ils ne respectaient pas les règles établies.
La circulaire parue lundi dernier prévoit une réduction de 20% des allocations au premier refus d'un emploi, à la suppression totale au 3e refus.
Les manquements donnant lieu à sanction vont du refus d'emploi ou de formation à la fraude ou déclaration inexacte en passant par l'absence à convocation.
Selon le décret, si le chômeur ne peut justifier de recherches significatives ou refuse un emploi, ses allocations seront réduites de 20% pour une durée de deux à six mois, puis de 50 % pendant la même durée, jusqu'à la suppression totale en cas de refus répété.
Cette circulaire précise également que les demandeurs d'emploi ont l'obligation d'accepter les offres d'emploi qui leur sont proposées, à condition que celles-ci soient compatibles avec leur spécialité ou leur formation, leurs possibilités de mobilité, et rémunérées à un taux normalement pratiqué dans la profession et la région. Il convient de tenir compte de l'ancienneté dans le chômage. Ainsi, un demandeur d'emploi depuis plus de six mois, ou a fortiori plus de douze mois, doit "envisager une réorientation" en fonction de l'offre d'emploi dans sa région.
Je ne comprends pas la levée de boucliers à propos de ce texte, d'abord parce que ces sanctions ne sont pas nouvelles, elles existent depuis un moment, ce qui change c'est la gradation et le renforcement du contrôle, mais assorti d'un accompagnement plus personnalisé.
Quand le texte stipule qu'un demandeur d'emploi se doit d'accepter un poste proposé par l'ANPE, ça ne veut pas dire que le conseiller va lui faire signer de gré ou de force un contrat, parce que dans ce domaine, il me semble qu'il appartient seulement au chef d'entreprise de décider qui il va embaucher ou pas. L'ANPE se contentera de proposer la candidature du demandeur d'emploi et si celui ci n'est pas suffisamment qualifié pour le poste, il ne signera rien contre son gré car il y a gros à parier qu'un autre que lui sera choisi.
Donc sur ce point, je ne vois pas où est le problème, bien au contraire, si l'ANPE fait un réel effort pour "placer" les demandeurs d'emploi, on ne pourra que s'en féliciter parce qu'il faut quand même remarquer que rares sont les jours où l'ANPE déccroche son teléphone pour proposer des emplois aux chômeurs.
De plus, le demandeur d'emploi ne sera pas obligé d'accepter n'importe quoi, le texte est clair et précis sur ce point, le poste doit être en rapport avec les compétences, la formation, la spécialité et les possibilités de mobilité. Là encore, où est le problème ? On ne va pas proposer à un informaticien un poste de chauffagiste pour satisfaire des statistiques, il faut être réaliste quand même et surtout c'est penser que les conseillers de l'ANPE ne savent pas faire leur boulot et qu'ils sont des robots programmés pour remplir des cases. Ils n'ont peut être pas toutes les compétences des recruteurs de cabinets, mais ils sont à l'écoute et capable d'apprécier la situation de chaque demandeur d'emploi.
Enfin quel mal y a t il à proposer une formation ou une reconversion à un chômeur qui n'arrive pas à retrouver un emploi dans son secteur d'activité ? Je peux comprendre que ce tournant soit délicat à amorcer pour celui qui aime son métier et auquel il a déjà consacré de nombreuses années de sa vie, mais est ce suffisant pour laisser sa carrière professionnelle au point mort et ne pas tenter sa chance dans une autre voie ? Nombreux sont les exemples de personnes ayant réussi leur reconversion et ayant, de ce fait, pu retrouver une vie "normale".
Il faut savoir où sont nos priorités dans la vie et les moyens que l'on va se donner pour rebondir, parfois une "mutation" est salvatrice.
Toutes ces sanctions annoncées ne toucheront que les chômeurs "profiteurs" du système, tous ceux qui justifient d'une recherche active et qui utilisent les outils mis à leur disposition pour retrouver du travail n'ont rien à craindre.
Comme me le faisait remarquer un ami de gauche à midi, "en France, aujourd'hui, on a tendance à oublier qu'à côté de tous nos droits, nous avons aussi des devoirs"...