La France qui travaille et la France qui ne travaille pas !
En déplacement à Châlons en Champagne, Nicolas Sarkozy, le ministre de l'Intérieur a déclaré qu'il fallait "davantage de différence entre la récompense que l'on donne à ceux qui travaillent et l'assistance que l'on donne pour ceux qui ne travaillent pas".
Il a ajouté "Il ne s'agit pas de pénaliser ceux qui ne travaillent pas, parce que c'est une souffrance, mais il s'agit simplement de récompenser davantage le travail". (...) "La France qui travaille doit être soutenue et encouragée", a-t-il affirmé, ajoutant: "nous devons nous interroger sur la pertinence de notre modèle social".
"Quand on a un minima social, on doit rendre à la solidarité nationale en exerçant une activité en complément de cette allocation", a par ailleurs estimé M. Sarkozy.
Ces déclarations me mettent un peu mal à l'aise, je sens à travers ces paroles comme une volonté de séparer distinctement "la France qui travaille de celle qui ne travaille pas".
Bien sûr qu'il faut "récompenser" beaucoup mieux les salariés, le mot récompense me choque d'ailleurs... Doit on dire merci à nos patrons désormais en fin de mois pour la "récompense" qu'ils veulent bien nous donner en échange du travail accompli ? Chez moi on appelle ça un salaire ! Monsieur Sarkozy veut encore plus de différence entre "la France qui travaille et celle qui ne travaille pas", comme si elle n'était pas déjà un gouffre... 600 euros de différence par mois entre un travailleur au smic et un bénéficiaire d'un minima social !!!! J'ose espérer que dans ses paroles, le ministre de l'Intérieur ne caresse pas le souhait de voir encore diminuer les allocations chomâge... J'ai déjà entendu ça dans la bouche d'ultra libéraux qui eux rêvent carrément de voir disparaître les allocations chômage et familiales !!! "La France qui travaille" doit être soutenue par une revalorisation des salaires et la "France qui ne travaille pas" doit être elle aussi soutenue parce qu'elle est plus fragile. "La France qui ne travaille pas", ne veut pas vivre de minimas, elle veut une aide, un accompagnement, des mesures concrètes pour retrouver du travail et sa vraie place dans la société. Elle attend une vraie politique de l'emploi et à ce sujet j'ai confiance dans le plan de Cohésion Sociale de Monsieur Borloo et toutes mesures d'urgence mises en place par le gouvernement. Il n'y aura pas de miracle, on le sait, mais la multiplication de ces initiatives finira par avoir des résultats. Monsieur Sarkozy reparle de de ce que les rmistes devraient rendre au pays pour toucher ce minima, le problème c'est que jusqu'à présent toutes ces initiatives ont été des echecs, les moyens mis en oeuvre n'ont jamais été à la hauteur et ce n'est pas du fait des demandeurs d'emploi. Bien sûr que la plupart d'entre eux aimeraient après leur recherche quotidienne d'emploi se rendre utiles. Qui ne voudrait pas garder un lien social quand souvent la solitude s'installe dans leur vie ? Qui ne voudrait pas se consacrer à une activité qui permettrait d'oublier les soucis et qui pourrait s'ouvrir sur une opportunité de se créer un nouveau réseau et d'aboutir à un nouvel emploi ?
Monsieur Sarkozy devrait en parler à ses amis du MEDEF de cette revalorisation des "récompenses". Il devient difficile aujourd'hui de trouver un emploi "dignement récompensé". Je ne parle pas des cadres, mais des salariés, des ouvriers, qui trop souvent encore, même avec des compétences et une expérience significative doivent se contenter de maigres subsides !!
Un telle attitude ne peut que marginaliser plus encore ceux qui sont privés d'emploi et qui se sentent déjà écartés de la société à cause de leur situation. Etre au chomage est plus qu'une "souffrance", au delà de l'aspect financier et économique, ce sont souvent des drames humains qui se cachent derrière cette précarité et il faut à ces personnes trouver tous les jours l'énergie de chercher un nouvel emploi, d'essuyer des refus, de se rendre à des entretiens sans suite, d'espérer une réponse positive et à côté de ça de gérer le quotidien de leur famille avec un budget de misère.
Quand on a travaillé de longues années sans rien devoir à personne et que l'on se retrouve un jour dans le bureau d'une assistante sociale pour quémender une aide pour faire manger ses enfants, on peut avoir le sentiment d'avoir perdu une part de sa dignité et il faut être fort moralement pour tenir le coup. Quand ce sont vos amis qui au bout d'un moment se mettent à juger votre situation et qui finissent aussi par se détourner de peur que la précarité se soit contagieux, là aussi il faut être fort pour ne pas se laisser aller à un état dépressif.
Ceux qui ne travaillent pas sont déjà pénalisés, parce qu'ils ont du souvent renoncer à pas mal de choses pour assurer le quotidien.
En parlant de "la France qui travaille et de celle qui ne travaille pas", c'est encore une fois montrer du doigt les demandeurs d'emploi en les considérant presque comme des citoyens inutiles et en laissant encore la part belle aux vieux clichés.
Monsieur Sarkozy semble bien loin des réalités qui occupent la vie des gens privés d'emploi, lui qui dit parler comme le peuple et le comprendre...
Il devrait peut être partager une journée de sa vie avec celle de quelques demandeurs d'emploi de tous horizons et de toutes classes sociales... Peut être changera t il de discours...